Il y a en chacun de nous un enfant silencieux.
Un enfant qui a appris à sourire quand il avait envie de pleurer.
À se faire petit pour ne pas déranger.
À devenir fort pour ne plus ressentir.
Un enfant qui s’est adapté pour être aimé, reconnu, entendu… quitte à se couper d’une partie de lui-même.
Cet enfant, c’est notre enfant intérieur, et il ne disparaît jamais. Il reste là, caché dans les plis de notre personnalité adulte, guidant à notre insu nos réactions, nos peurs, nos choix et nos liens.
Les blessures émotionnelles, ce sont ces empreintes laissées par des expériences marquantes — parfois très subtiles — de notre enfance.
Elles ne sont pas forcément liées à des événements "graves", mais à la manière dont nous avons ressenti un manque, une douleur, une incompréhension, une dissonance affective… sans pouvoir la nommer ni l’intégrer.
Dans cet article, je vous invite à explorer comment ces blessures façonnent l’adulte que vous êtes devenu·e, et comment commencer à les reconnaître avec douceur.
Une blessure émotionnelle, ce n’est pas un simple "mauvais souvenir" qu’on pourrait balayer d’un revers de la main.
C’est une trace vivante laissée dans notre système émotionnel par une expérience vécue comme douloureuse, injuste, ou insécurisante.
C’est un choc intérieur, parfois subtil, parfois intense, qui s’est ancré sans pouvoir être pleinement digéré ou compris — surtout quand il survient dans l’enfance, à un moment où notre cerveau émotionnel est encore en construction.
📌 Ce qu’on oublie souvent :
Une blessure émotionnelle n’est pas forcément liée à un événement spectaculaire (comme un abus ou une séparation brutale).
Elle peut naître de micro-situations répétées, de non-dits, de silences, de maladresses, de manques.
Voici quelques exemples fréquents de contextes blessants, parfois banalisés :
Ce n’est pas forcément ce que l’adulte a fait ou dit qui crée la blessure.
C’est ce que l’enfant a ressenti, interprété, et gardé en lui, sans pouvoir l’exprimer.
Un enfant à qui on dit régulièrement : “T’es trop sensible, tu te vexes pour rien.”
➡️ Ce n’est pas une violence manifeste. Mais l’enfant peut intégrer inconsciemment l’idée suivante :
“Mes émotions sont de trop.” → “Je dois les cacher.” → “Je ne peux pas être moi-même.”
Et c’est là que naît la blessure : dans le décalage entre le besoin profond et la réponse reçue.
Lorsque ces expériences se répètent ou marquent fortement, l’enfant commence à formuler intérieurement une conclusion sur lui-même et sur le monde.
C’est cette conclusion — souvent inconsciente — qui devient un schéma de pensée durable. On l’appelle parfois "croyance limitante", "filtre émotionnel", ou en thérapie des schémas, un schéma précoce inadapté.
Voici quelques exemples de croyances issues de blessures émotionnelles :
Ces croyances ne sont pas "fausses" à l’origine : elles sont logiques dans le contexte où elles se sont formées.
Mais elles deviennent limitantes, voire souffrantes, lorsqu’elles continuent à piloter nos comportements bien après que la situation initiale a disparu.
Ces blessures non reconnues se manifestent souvent dans notre vie quotidienne sous forme de :
Et ce, sans qu’on en comprenne toujours la cause.
Pourquoi je me sens abandonné·e alors que la personne n’a rien fait de mal ?
Pourquoi je me sens toujours de trop, même dans un groupe bienveillant ?
Pourquoi je m’effondre intérieurement quand je suis critiqué·e ?
Pourquoi je fuis dès que la relation devient sérieuse ?
Parce qu’en réalité, ce n’est pas l’adulte qui réagit… c’est l’enfant blessé en nous.
Nommer ses blessures ne signifie pas s’enfermer dans le passé.
C’est au contraire le début d’un processus de libération intérieure.
Quand on comprend que nos comportements actuels sont souvent des réponses à une douleur ancienne, on peut commencer à :
Une blessure émotionnelle est une empreinte laissée par un vécu douloureux, souvent intériorisé dans l’enfance, et qui influence notre manière :
Ce n’est pas le passé qui nous limite…
C’est la trace invisible qu’il a laissée, tant qu’on ne l’a pas vue, entendue, reconnue.
Pour comprendre les blessures émotionnelles, il faut revenir à la base : les besoins affectifs fondamentaux de l’être humain, et en particulier ceux de l’enfant.
Car c’est dans l’enfance — cette période où nous sommes à la fois ouverts, dépendants et vulnérables — que se structure notre monde émotionnel.
Tout enfant a besoin, profondément, universellement, de :
Lorsqu’un ou plusieurs de ces besoins sont insuffisamment nourris — ou pire, systématiquement niés — l’enfant ne peut pas les formuler. Il ne comprend pas ce qu’il ressent, il n’a pas les mots, ni les outils psychiques pour intégrer ce qu’il vit.
Il ne peut que s’adapter.
Et cette adaptation, bien qu’intelligente à court terme, devient à long terme une stratégie de survie émotionnelle. Plutôt que de se dire “Mes besoins ne sont pas comblés”, l’enfant en déduit inconsciemment :
Et il adopte des comportements pour s’ajuster à son environnement, tels que :
Le drame, c’est que ces stratégies mises en place dans l’enfance deviennent des réflexes intégrés. Et l’adulte que nous devenons les perpétue, sans toujours en comprendre la source.
Et tant que ces mécanismes restent inconscients, la blessure reste active, non digérée, non reconnue.
🔁 Le paradoxe : l’enfant s’adapte pour survivre… mais l’adulte en souffre
Ce qui nous a protégés un jour finit par nous enfermer.
Et c’est ici que le travail de conscience commence : en réalisant que nos réactions émotionnelles, nos blocages, nos comportements répétitifs ne sont pas des défauts de caractère… mais des adaptations non mises à jour.
C’est comme si notre système émotionnel avait appuyé sur “pause” à 6 ans, et n’avait jamais eu l’occasion de réévaluer ses schémas face à une réalité différente.
🎯 L’essentiel à retenir
➡️ Les blessures émotionnelles naissent du manque ou de la distorsion des réponses affectives que l’enfant reçoit.
➡️ Pour survivre, il développe des stratégies qui deviennent des filtres émotionnels inconscients.
➡️ Ces filtres, à l’âge adulte, se traduisent par des schémas de comportement et de pensée qui nous limitent, nous éloignent de nous-même… ou nous mettent en souffrance.
La suite du chemin consiste à reconnaître ces anciens mécanismes, pour peu à peu les remettre à jour.
Non pas en accusant le passé, mais en reprenant la main sur notre présent émotionnel.
👉 Dans la prochaine partie, nous verrons comment ces blessures influencent en profondeur notre personnalité adulte, nos comportements quotidiens… et parfois, les rôles que nous jouons sans le savoir.
On pense souvent que grandir nous éloigne de l’enfant que nous étions.
En réalité, nos réactions les plus vives, nos blocages les plus tenaces, et nos schémas relationnels les plus répétitifs sont souvent les empreintes encore actives de blessures anciennes.
Ces blessures n’ont pas disparu avec le temps.
Elles se sont organisées en nous, devenant des filtres invisibles à travers lesquels nous interprétons le monde, les autres, et nous-même.
Pour survivre émotionnellement à ce qu’il ne peut comprendre ni maîtriser, l’enfant développe une stratégie intérieure d’adaptation.
Ces stratégies deviennent peu à peu des traits de caractère, des façons d’être au monde, qu’on finit par considérer comme notre "nature".
Mais en réalité, ce sont souvent des rôles, des "personnalités de survie" forgées autour de la blessure.
En voici quelques exemples :
👉 Ce n’est pas l’adulte qui réagit…
C’est l’enfant blessé qui se protège.
L’un des effets les plus puissants — et souvent douloureux — des blessures émotionnelles est leur capacité à se répéter dans le temps.
On croit avancer, changer de situation, changer de partenaire, de lieu…
Mais si la blessure n’a pas été reconnue, elle se rejoue.
Par exemple :
Ce n’est pas un "manque de volonté".
C’est un programme émotionnel inscrit en profondeur, qui cherche à être reconnu, entendu… et, un jour, transformé.
Une blessure émotionnelle crée une vision du monde.
Elle devient une carte intérieure sur laquelle nous plaçons des repères : ce qui est sûr, ce qui est dangereux, ce qui est possible.
Exemple :
Ces croyances forment des schémas internes, qui orientent :
Et souvent, nous ne remettons même pas ces croyances en question… parce qu’elles ont été intégrées comme des vérités, très tôt.
Parce que ces blessures ne vivent pas dans notre mental rationnel, mais dans notre cerveau émotionnel et notre système nerveux.
Elles sont encodées comme des alertes internes, des signaux de danger associés à certains contextes : une critique, un silence, un regard, une absence...
Changer ne consiste donc pas à se "raisonner", mais à :
➡️ Nos blessures émotionnelles ne sont pas des souvenirs passés : elles sont actives dans nos réactions présentes
➡️ Elles influencent notre personnalité, nos comportements, nos relations, nos croyances
➡️ Les ignorer, c’est risquer de les répéter
➡️ Les reconnaître, c’est commencer à reprendre le pouvoir sur sa propre histoire
👉 Dans la prochaine partie, nous verrons comment ces blessures restent actives même inconsciemment, à travers trois mécanismes de survie psychique et relationnelle.
Ces mécanismes nous protègent… mais peuvent aussi nous empêcher d’avancer.
Une question revient souvent en thérapie ou en accompagnement :
“Pourquoi je ressens encore ça, alors que ça date de mon enfance ?”
C’est une question légitime.
Et la réponse est à la fois simple… et profondément humaine :
Nous avons appris à nous protéger.
La blessure initiale — qu’elle soit liée à un abandon, un rejet, une dévalorisation ou une insécurité affective — a activé en nous une stratégie de survie émotionnelle.
Et cette stratégie, tant qu’elle n’est pas mise en lumière, continue à s’activer automatiquement.
Elle devient un système de défense intégré, qui se déclenche à la moindre sensation de danger affectif, même imaginaire.
Voici les 3 mécanismes principaux qui maintiennent la blessure en activité — souvent sans que nous en ayons conscience.
Pour ne plus souffrir, l’enfant que nous étions a développé un "masque de protection" : un comportement qui lui a permis de rester en lien, d’être aimé, ou simplement de ne pas déranger.
Exemples de masques :
Ces masques nous ont été utiles. Ils nous ont protégés.
Mais avec le temps, nous avons commencé à croire que ces masques étaient notre identité.
👉 Le problème, c’est que ce masque cache les vrais besoins.
On continue d’agir en fonction de lui, sans plus écouter ce qui se passe vraiment à l’intérieur. Et tant que l’on reste identifié à ce rôle, la blessure profonde ne peut pas guérir, car elle reste camouflée.
C’est l’un des mécanismes les plus puissants — et les plus invisibles :
Nous rejouons inconsciemment notre blessure… en espérant qu’elle se répare.
Ce phénomène s’appelle la répétition traumatique.
Sans le vouloir, nous sommes attiré·e·s par des situations, des personnes ou des relations qui ressemblent — de près ou de loin — à la scène de notre blessure originelle.
Pourquoi ?
Parce que notre inconscient espère vivre une issue différente cette fois.
Mais tant que nous n’avons pas de conscience claire du schéma, nous avons tendance à :
👉 Et chaque répétition réactive la blessure… au lieu de la réparer.
Dernier grand mécanisme : celui du refoulement, de la minimisation, ou du dénie de la blessure.
Beaucoup d’adultes ont appris à fonctionner comme si de rien n’était. Ils disent :
Et pourtant, leur corps, leurs réactions émotionnelles, leurs schémas relationnels disent autre chose.
Le refoulement émotionnel est souvent un réflexe de protection :
Si je regarde cette douleur en face, je vais m’effondrer.
Alors, on ne la regarde pas.
On intellectualise, on rationalise, on positive.
Mais ce que l’on évite… reste actif.
Et ce qu’on accepte de regarder avec douceur… peut enfin commencer à cicatriser.
➡️ Les blessures émotionnelles persistent non pas parce que nous sommes faibles, mais parce que nous avons appris à survivre à travers elles.
➡️ Les masques, les répétitions et le refoulement sont des mécanismes protecteurs… mais ils deviennent limitants si on ne les reconnaît pas.
➡️ Le travail de guérison commence par la conscience, puis par l’expérience : sentir, exprimer, reprogrammer, reconstruire.
Reconnaître ces mécanismes, c’est déjà un acte de courage immense.
C’est choisir de ne plus vivre en pilote automatique, mais de devenir acteur ou actrice de sa reconstruction intérieure.
Dans les prochains chapitres, nous verrons comment plusieurs approches thérapeutiques — de Lise Bourbeau à la thérapie des schémas, en passant par l’attachement et la lecture du traumatisme — nous aident à identifier nos blessures et à en sortir.
👉 À suivre :
Article 2 – Les 5 blessures selon Lise Bourbeau : une lecture symbolique de nos comportements
📌 Avec un quiz introspectif : “Quel masque portez-vous ?”
Reconnaître l’existence de ses blessures émotionnelles, c’est un tournant.
Ce n’est pas confortable.
Ce n’est pas immédiat.
Mais c’est le tout premier pas vers un changement en profondeur.
Beaucoup d’entre nous avancent dans la vie avec le sentiment diffus que “quelque chose coince”, que certaines émotions sont démesurées, que certaines situations reviennent encore et encore.
Et si cela ne venait pas d’un défaut personnel, mais d’une blessure qui n’a jamais eu l’espace d’être vue, entendue, soignée ?
Les blessures émotionnelles ne sont pas le fruit d’un manque de force ou de volonté.
Elles se forment à un âge où nous ne pouvions pas encore nous défendre, où notre survie dépendait de notre capacité à nous adapter au monde qui nous entourait.
Ce que vous avez mis en place à l’époque était une réaction intelligente à un contexte émotionnel difficile.
Mais ce qui vous a sauvé un jour peut vous freiner aujourd’hui.
Et c’est là que commence votre pouvoir :
Le pouvoir de regarder avec lucidité ce qui vous fait mal.
Le pouvoir de comprendre sans juger.
Le pouvoir de ne plus laisser le passé guider vos choix.
Vous n’avez pas besoin, ici et maintenant, de “tout régler”.
Mais vous pouvez commencer par observer avec honnêteté, en vous posant ces quelques questions :
Il ne s’agit pas ici de se définir par ses blessures, ni de s’y enfermer.
Mais simplement de poser un regard nouveau sur soi.
Un regard plus doux, plus curieux, plus lucide.
Chaque blessure que l’on reconnaît devient une porte d’entrée vers un travail de transformation, une invitation à se reconnecter à soi-même, à son corps, à ses besoins, à ses vérités.
C’est en accueillant votre histoire, sans honte ni fuite, que vous pourrez écrire un présent plus libre, plus apaisé, plus aligné.
🧭 Ce qui vous attend dans la suite de cette série
Dans les articles suivants, nous explorerons quatre approches thérapeutiques puissantes qui permettent de mieux comprendre — et surtout d’apaiser — ces blessures :
Chaque approche viendra éclairer une facette différente du même vécu.
Et vous offrira des outils concrets pour avancer, à votre rythme.
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À PROPOS
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